Sous l’eau du songe qui s’élève, mon âme a peur
Installation photographique et vidéo (formats divers) – extrait
Un matin, passer de l’état d’endormie, à celui de dressée.
Poussée par une force dans le dos, laissant une tension figée et muette
dans mon corps pendant des jours.
A cet instant l’image photographique, par essence silencieuse devient le support de cet élan, qui n’est autre qu’un cri sourd, une parole enfouie dans la densité des vertèbres de ma colonne.
Je rencontre alors mon double dans le regard d’un homme inconnu en costume officiel surgit d’un autre temps. Sa bouche est recouverte de moisissure.
Qu’est-ce que cet homme n’a pas pu dire de son vivant pour que son image aujourd’hui tente, au travers de cette décomposition, de cracher ou de vomir enfin ?
Cette photographie ancienne en noir et blanc colorisée, a déclenché une introspection photographique, provoqué l’émergence d’un récit par association et symbole comme le fait le rêve qui déploie mille et une stratégies pour ressusciter l’origine d’une blessure et ramener le sujet en train de se noyer à la surface.
« A la différence des autres animaux, les humains ont tendance,
après avoir enclenché un mécanisme de défense dans une situation
d’urgence, à ne pas le désactiver par la suite.
Menacé de mort, un animal se fige de terreur mais, une fois le danger passé,
se met à trembler violemment pour se débarrasser de l’excès d’énergie
qui s’est emparé de ses muscles et les a paralysés.
L’humain, lui, reste très souvent bloqué. Voilà pourquoi sera inutile toute forme de
thérapie qui lui demande de parler de son traumatisme,
d’y réfléchir, de s’étendre là-dessus ; bénéfiques au contraire,
toutes formes de thérapie qui l’aident à terminer son mouvement de défense
pour en émerger. »
Bad girl, Nancy Huston